Dimanche, les habitants de la
péninsule auront à choisir entre une indépendance accrue et un
rattachement à la Fédération de Russie. Mais, pour les Occidentaux, ce
scrutin est illégal.
Le sort de la Crimée va
se jouer dimanche, lorsque les habitants de la péninsule se
prononceront lors d'un référendum sur le statut de la région. Le scrutin
devait initialement se tenir à la fin du mois et seulement porter sur
une plus grande autonomie au sein de la République ukrainienne.
Seulement, en fin de semaine dernière, les parlementaires locaux en ont
décidé autrement. Les électeurs ont maintenant à se prononcer sur deux
questions: «Êtes-vous pour l'intégration de la République autonome de
Crimée à la Fédération de Russie? Êtes-vous pour le rétablissement de la
Constitution de la Crimée de 1992 et le maintien de la Crimée comme
partie intégrante de l'Ukraine?»• Quelle est l'alternative proposée aux électeurs?
La Constitution de 1992 accordait une indépendance de fait à la Crimée. Le texte fut rapidement gelé sur injonction du pouvoir ukrainien. Il permettait à la péninsule de traiter d'égal à égal avec Kiev sur la base d'accords bilatéraux. Seulement l'issue du référendum fait peu de doutes aux yeux du Parlement pro-russe. Mardi, les députés ont déjà déclaré la Crimée indépendante de l'Ukraine. Une semaine auparavant, ils avaient demandé le lancement d'une procédure d'adhésion à la Fédération de Russie. La péninsule s'est déjà dit prête à adopter le rouble. Côté russe, on se prépare à accueillir la Crimée. Une proposition de loi, visant à faciliter le rattachement à la Russie d'un territoire d'un pays étranger, sera étudiée le 21 mars à la Douma.
• Dans quelles conditions se déroule le scrutin?
L'organisation d'un référendum en l'espace d'une dizaine de jours est sujette à caution. Dans la péninsule, les affiches pro-russes fleurissent à Sébastopol. Les médias ukrainiens n'ont, eux, plus voix au chapitre. La diffusion de six chaînes hertziennes a été coupée vendredi et remplacée par des chaînes russes. Des journalistes ukrainiens ont également été battus le lendemain. La présence militaire russe s'est, elle, accrue. Quelque 20.000 soldats portant des uniformes sans insigne stationnent désormais dans la péninsule, affirme le Pentagone. Des observateurs internationaux ont été refoulés à plusieurs reprises de la péninsule. «Le résultat a déjà été décidé par Moscou», se résigne Refat Tchoubarov, le représentant des Tatars de la péninsule qui appelle au boycott de l'élection.
• Le référendum est-il illégal comme le disent les Occidentaux?
Depuis l'annonce du scrutin, les dirigeants occidentaux remettent en question la légalité du scrutin. «Le référendum proposé sur l'avenir de la Crimée violerait la Constitution ukrainienne et le droit international», a justifié jeudi Barack Obama. La question est néanmoins très épineuse. En théorie, le droit international prévaut toujours sur les Constitutions nationales. Or «le droit international ne dit pas grand-chose à propos des référendums, explique Theodore Christakis, professeur de droit international à l'université Grenoble-Alpes et directeur du Centre d'études sur la sécurité internationale et les coopérations européennes *. Un référendum concernant le statut futur d'un territoire n'est ainsi pas, en principe, en tant que tel, “illégal” du point de vue du droit international pas plus d'ailleurs qu'une éventuelle déclaration unilatérale d'indépendance.» «L'intervention militaire d'un État tiers, telle que celle de la Russie en Crimée, peut rendre un référendum illégal», précise toutefois le chercheur.
• Quelle est la position de Vladimir Poutine?
Vladimir Poutine, lui, maintient le contraire. Lors d'une conférence de presse, deux jours avant l'annonce du référendum, le chef d'État russe s'était appuyé sur l'exemple du Kosovo pour défendre le droit des Criméens à l'autodétermination. «Cela a été permis aux Albanais du Kosovo, et à d'autres dans le monde. Le droit d'une nation à l'autodétermination est reconnu par l'ONU», a-t-il souligné. Vladimir Poutine en avait déjà fait de même lors de l'intervention russe en Abkhazie et en Ossétie du Sud. L'exemple kosovar a également été invoqué par le Parlement de Crimée lors de sa déclaration d'indépendance. L'argument est paradoxal quand on sait que le président russe avait mal digéré la déclaration d'indépendance du Kosovo. «Le précédent du Kosovo est horrible et va faire voler en éclats tout le système existant des relations internationales, avait-il alors prévenu. C'est un boomerang qui va un jour leur revenir dans la gueule.» D'une certaine manière, Poutine tient ici sa revanche.
ILLEGAL...ce référendum , comme beaucoup l'ont crié,éssaie de faire entendre à des sourds!
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