En proie à cette cacophonie, la France qui, sous la présidence de
Nicolas Sarkozy, a été aux premières loges des forces de l'OTAN ayant précipité la chute de Kadhafi, cherche à se frayer un chemin pour engranger les bénéfices de son appui. En vain.
Les «réseaux» français broient du noir ...
La manne pétrolière libyenne, bien que touchée par les
affrontements meurtriers entre clans pour son contrôle, reste éminemment
attrayante pour la France et autres puissances occidentales. Sans compter les projets de reconstruction du pays après les ravages de la Guerre. Mais seulement voilà : les soupçons de collusion entre la France de Sarkozy la Libye de
Kadhafi qui aurait financé la campagne électorale de 2007 de l'ancien
président français à coup de dizaines de millions de dollars, valent à
ce dernier le courroux de plusieurs milieux de Libyens qui l'accusent de
«corruption» et font rejaillir l'opprobre sur une partie de son camp
politique. Certes le feuilleton politico-judiciaire est loin d'être clos,
mais au moins une certitude demeure: la France n'a pas perdu la Libye. Mais alors, comment faire pour se tailler la part du Lion dans le partage du gâteau national libyen ?
Hier, le Franco-Libanais Ziad Takieddine était l"un des maillons essentiels des réseaux français en Libye. Depuis ses déclarations fracassantes sur le supposé financement de la campagne de Sarkozy par Kadhafi, cet ancien
intermédiaire influent est tombé en disgrâce et se retrouve empêtré dans un feuilleton judiciaire dont le clap de fin ne semble pas être pour demain. Et comme un malheur ne vient jamais tout seul, Hassan Aldroe, vice-ministre libyen de l'industrie, considéré comme le relais de la France en Libye, a été assassiné à
la mi-janvier.
Allo la Libye ? Ici la France ! L'abonné n'est pas disponible pour le moment...
Dans un tel contexte, à qui
s'adresser pour conclure de juteux contrats dans un pays désormais
instable, où les hommes les plus influents ne sont pas
en réalité ceux qu'on croit ? La récente visite à Tripoli d'un ancien membre du
gouvernement Sarkozy présente donc, à ce titre, un intérêt certain.
C'est avec beaucoup d'égards, bien que en toute discrétion, que Gérard Longuet, ex-ministre de la Défense, a été reçu en janvier dans la capitale et à Misrata.
Au menu, des questions sécuritaires telles la formation des troupes, la
remise à niveau de l'armée de l'air, le contrôle des frontières, car au-delà de simples aspects commerciaux, la France est engagée dans diverses opérations militaires au Mali et en Centrafrique. De relais crédibles en Libye, point focal des stratégies militaro-industrielles dans une région
qu'elle a bien contribué à déstabiliser pour longtemps. Comme un pied
de nez de l'histoire, des tribus issues des pays voisins, qui, par le
passé, ont subi les attaques impérialistes de la Libye de Kadhafi, tel
le Tchad, ou leur contrecoup, tel le Niger, font valoir leurs
revendications sur le partage de la manne pétrolière. De victimes, elles
passent à l’offensive, profitant du chaos actuel, dans un contexte où
l’action politique repose avant tout sur le communautarisme
institutionnalisé.
C’est dans ce contexte que se sont également mis à «bouger» les
Toubous, ethnie nomade originaire du Tchad et du Niger et dont le
président tchadien Idriss Deby est issu. Les Touaregs, au cœur du conflit malien, ne sont pas en reste: avec une population à cheval, sur l’Algérie, le Niger et le Mali, ils réclament la nationalité libyenne pour 14.000 familles; ils ont mené une action contre un champ pétrolier pour défendre leurs droits... Alors, y a-t-il quelqu'un dans la salle pour aider les Européens en général et les Français en particulier, à naviguer dans ces dédales à perdre la tête, avant d'atteindre le saint Graal des contrats juteux?
La politique est un jeu ou l'on peut soit perdre, soit gagner, alors les jeux ne sont pas encore faits!
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