Il s’était réfugié au Niger en septembre 2011 – il avait
alors 40 ans - peu avant la chute du régime Kadhafi. La justice libyenne
l'accuse de meurtre et d'implication dans la répression de la révolte
qui s’est peu après transformée en lutte armée. Depuis, Saadi était en
résidence surveillée dans la capitale nigérienne où les autorités
semblaient tenir à le protéger pour des raisons dites « humanitaires ».
« Saadi Kadhafi est arrivé en Libye et il est aux mains de la police judiciaire », a assuré le gouvernement libyen dans un communiqué où il s'engage à le traiter son prisonnier « conformément aux normes internationales ».
Quel rôle Saadi Kadhafi a-t-il joué dans les répressions de la révolte de 2011 ?On
a peu de détail sur le rôle exact de Saadi Kadhafi durant cette période.
Les accusations avancées par le pouvoir libyen portent sur « des crimes visant à maintenir son père au pouvoir ».
Il serait par ailleurs impliqué dans le meurtre, en 2005, d'un ancien
entraîneur d'un club de football de Tripoli. Il faisait l'objet d'une
« notice rouge » d'Interpol mais, contrairement à son frère, Seïf
al-Islam, lui aussi incarcéré en Libye, il n'était pas concerné par un
mandat de la CPI - la Cour pénale internationale. Saadi était le
footballeur de la famille Kadhafi. Il se rêvait « prince des stades »…
En réalité, c'est un footballeur raté. C'est grâce à beaucoup d'argent
qu'il a réussi à jouer quelques matchs avec l'équipe italienne de
Pérouse en 2003, mais il a été très vite rattrapé par le dopage et
laissé sur le banc des remplaçants. Il devient ensuite président de la
Fédération libyenne de football et achète une « équipe libyenne ». Saadi
était avant tout un flambeur, un playboy. Un télégramme diplomatique
américain révélé par Wikileaks le présente comme un homme marqué par
ses mauvais comportements, connus pour ses bagarres et ses excès
nocturnes. Sa vie militaire est plus modeste : comme tous les fils
Kadhafi, il avait sa brigade de combattants, composée majoritairement de
Touaregs maliens et nigériens, mais lui-même n'était pas un combattant.
Il a cependant participé à la répression de Benghazi avec ses hommes.
Mais, il a très vite été exfiltré - en août 2011. D'abord, avec les
Touaregs maliens, notamment le général Ali Kana, jusque dans le sud de
la Libye, puis jusqu'à Agadez, via les Touaregs nigérien qui ont pris le relais.« Saadi Kadhafi est arrivé en Libye et il est aux mains de la police judiciaire », a assuré le gouvernement libyen dans un communiqué où il s'engage à le traiter son prisonnier « conformément aux normes internationales ».
Pourquoi Saadi avait-il choisi le Niger comme lieu de fuite. Quels liens entretenait-il avec ce pays ?
Tout d'abord, il a choisi le Niger car il était entouré de Touaregs venant de ce pays voisin. D'autres personnalités du régime pro-Kadhafi avaient rejoint le Niger avant lui, dont le général Abdallah Mansour, le chef de la sécurité intérieure sous Kadhafi, qui a été livré récemment à la Libye. Le Niger et la Libye ont depuis des lustres des relations fraternelles et des liens de sang : des familles nigériennes arabes ou touarègues sont issues de tribus originaires de Libye. Sur le plan politique, Kadhafi a financé les régimes successifs du Niger, mais aussi les groupes de rebelles touaregs. Bref, le Niger représentait un refuge tout naturel pour les pro-Kadhafi et ils sont nombreux à s'y être installés à la chute du Guide, dont son fils Saadi.
Quelles peuvent être les garanties pour la sécurité et les conditions de détention de Saadi ?Personne n'est dupe quant aux promesses de Tripoli qui s'engage à traiter Saadi Kadhafi conformément aux normes internationales sur le traitement des prisonniers. Saadi a rejoint le général Mansour ou Abdallah Al Senoussi, livré par la Mauritanie en septembre 2012, à la prison de haute sécurité d'Al-Hadba à Tripoli. Plusieurs ONG de défense des droits de l'homme ont rappelé qu’il est difficile d'imaginer un procès équitable dans ce pays où aucun procès, aucune audience publique n'ont eu lieu jusque-là concernant les anciens dignitaires du régime Kadhafi… Des prisonniers qui n'ont pas accès à leurs avocats internationaux. Il faut se souvenir qu'il n'y a pas si longtemps, les autorités nigériennes avouaient que si elles extradaient Saadi, elles signeraient son arrêt de mort !
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