Par la voix de son premier ministre Dmitri Medvedev d'ordinaire très réservé, la Russie de Poutchine a prévenu lundi 24 février qu'elle
augmentera ses droits de douanes si Kiev se rapproche de l'Union
européenne. Moscou a estimé aussi que l'accord de sortie de crise signé vendredi
par le président destitué et l'opposition, à la faveur d'une médiation
européenne, a servi de prétexte à un coup de force.
« Nous n 'avons personne à qui parler », explique le Premier ministre russe. « Si
on considère que des gens qui se baladent avec des kalachnikovs dans
les rues de Kiev sont le gouvernement, il nous sera difficile de
travailler avec eux (...) Le rappel à Moscou de l'ambassadeur
russe en poste en Ukraine indique que nous sommes extrêmement préoccupés
par la situation. Il y a une menace contre nos intérêts et la vie de
nos citoyens en Ukraine », a déclaré M. Medvedev.Pour sa part, le ministère russe des Affaires étrangères, qui ne cesse de mettre en garde contre l'arrivée au pouvoir d'extrémistes, dénonce également les mesures anti-russes prises par le Parlement ukrainien. Il s'agit de l'abrogation de la loi sur le bilinguisme dans les régions russophones. Sergueï Lavrov demande aussi que soient prises en compte les inquiétudes des élus de ces régions. Il évoque la répression de ceux qui ne sont pas d'accord, par des « méthodes dictatoriales » et parfois « terroristes ». En Crimée, certains élus ont demandé la protection de la Russie et des milices ont commencé à s'armer contre les « fascistes » de Kiev.
A Moscou, les députés envisagent une loi pour faciliter l'octroi de passeports russes aux Ukrainiens d'ascendance russe. Moscou veut aussi faire pression sur Kiev par des sanctions économiques car l’Ukraine est dépendante de son grand voisin pour l’approvisionnement en gaz et en pétrole, ainsi que pour l’achat de sa production métallurgique. De plus, l’Ukraine a plus de 3 milliards de dollars de dettes gazières auprès de la Russie.
Le Premier ministre russe s’est engagé à respecter les accords bilatéraux, mais les accords de décembre signés par Ianoukovitch comprenant une baisse du prix du gaz sont limités dans le temps, a-t-il expliqué, et devront être réexaminés. Et le ministre des Finances menace d’augmenter les droits de douane avec la Russie si l’Ukraine signe un accord de partenariat avec l’Union européenne. « Pour nous, l’Ukraine reste un partenaire important », a conclu le Premier ministre. Mais ce partenaire important, il n’hésite pas à menacer de l'étrangler s’il venait à trop s’émanciper en lorgnant du côté de l'Europe.
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