Un an après sa vaste opération militaire au Mali, pour mettre hors d'état de nuire les groupes armés islamistes, la France de François Hollande a décidé le 5 décembre dernier, de lancer une deuxième opération, cette fois-ci en République Centrafricaine, immense pays d'Afrique Centrale grand comme la France, mais peuplé de moins de 5 millions d'habitants seulement. Cette opération militaire baptisée "Sangaris", de l'aveu même du président Hollande, est une opération "dangereuse mais nécessaire". Mais en réalité, qu'est-ce que la France est allée chercher en Centrafrique ? Paris a-t-elle vocation à se substituer aux forces internationales pour jouer les gendarmes de l'Afrique ? Cette énième intrusion de la France dans les affaires africaines, ne risque t-elle pas, au bout du rouleau, d'être interprétée par certains observateurs comme un retour de la Françafrique jadis tant décriée et disons-le clairement d'une sorte de néocolonialisme qui refuse de dire son nom ?
La Centrafrique, cette ancienne colonie française... Ancienne française, la République Centrafricaine est une pays indépendant depuis 1960 et en crise chronique depuis toujours. Les deux langues officielles du pays sont le sango et naturellement, le français. La population est seulement de 4,5 millions d’habitants, composés en grande majorité des chrétiens, mais aussi des musulmans, surtout dans le nord du pays. En dehors de Bangui, la capitale, la majeure partie du pays, située à l’extrême sud du pays, à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), est abandonnée depuis des années par l’Etat et est devenue la proie de bandes armées sans foi ni loi. Pays très pauvre, la Centrafrique, aussi paradoxal que cela puisse paraître, regorge de beaucoup de ressources, parmi lesquelles le pétrole et le diamant ! Des gisements mal évalués et peu exploités qui représentent un enjeu majeur dans les conflit qui minent ce pays depuis la nuit des temps.
MAIS QU'EST-CE QUE LA FRANCE EST ALLEE CHERCHER EN RCA ?
La France a décidé de s'engager dans le bourbier Centrafricain pour tenter d’enrayer le chaos qui ruine ce pays. Plus d’1,5 million de Centrafricains, 1/3 de la population, avaient besoin d’aide vitale. Pour échapper aux machettes et aux canons, des milliers de centrafricains, cachés en brousse, crèvent de faim. L’objectif de la France en Centrafrique est d'abord et avant tout humanitaire et sécuritaire. Mais n'ayons pas peur des mots, il est aussi stratégique. Ne nous voilons pas la face : le vide sécuritaire des céans risquait fort-bien de déstabiliser toute la région. L’enjeu majeur pour la France tient à la position de la RCA, enclavée entre le Cameroun, le Tchad, le Soudan et la République démocratique du Congo. La France veut donc éviter le scénario d’une vaste zone de non-droit ouverte à tous les trafics et base arrière potentielle de groupes islamistes.
LA FRANCE COMBAT QUEL ENNEMI EN CENTRAFRIQUE ?
Contrairement au Mali où l'ennemi était clairement identifié, le cas centrafricain est vraiment complexe. Et c'est le moins que l'on puisse dire. La Séléka tient le rôle de méchants. Face à cette nébuleuse, des milices «anti-balakas» («anti-machettes») sont nées pour riposter devant les crimes avant de sombrer aussi dans le même rôle que la Séléka. Complexe. Vos avez dit complexe? Comme c'est complexe !
EVITER L'EMBRASEMENT ET LA RWANDISATION DE LA CENTRAFRIQUE
Comme au Mali, même si les deux contextes sont nettement différents, mais alors beaucoup trop différents, l'opération militaire française en Centrafrique est une opération de sauvetage, sauvetage d'un peuple en détresse, sauvetage d'un pays au bord de la ruine. Lancée avec quelques 1.600 hommes et d'importants moyens militaires, au sol et aériens, l'opération "sangaris" a pour ambition officielle d'éviter un carnage dans le pays, en stoppant les violences qui opposent des groupes armés chrétiens et musulmans. Car la Fance ne s'est pas encore remise de son remord post-génocide rwandais...
QUEL BENEFICE LA FRANCE PEUT-ELLE TIRER EN CENTRAFRIQUE ?
François Hollande peut être considéré comme un chef de guerre veinard car son action en République centrafricaine et au Mali permet de relativiser le chahut démocratique dont il est victime à cause de sa popularité au bas dans tous les sondages. Fidèle à sa stratégie d’homme politique au sang-froid, le président "normal" avance ses pions, dossier par dossier, en essayant de marier les dossiers internes et ceux liés à l’international.
Les Cassandres eu autres oiseaux de mauvaise augure qui croyaient à tort ou à raison que François Hollande n’était pas un chef de guerre et qu’il ne connaissait rien à l’international, se sont trompés au bout du rouleau sur toute la ligne. En fin tacticien de la géopolitique contemporaine, François Hollande a compris que si la France renonce un tant soit peu à son influence planétaire, son rayonnement mondial en pâtirait sans aucun doute et son déclin amorce indubitablement. Lentement certes, mais sûrement ! La France, ancienne puissance colonisatrice, garde encore un avantage séculier au sein de l'espace de son ancien empire colonial, notamment en Afrique, naturellement, mais pas que ! Car son influence en Afrique d'expression française s'étend au sein de l'espace francophone, malgré l’offensive des pays émergents comme le Brésil, la Russie, l’Inde, Singapour, la Malaisie, la Turquie, les pays du Golfe et bien sûr la Chine largement présente en Afrique, qui s'occupe des affaires et regarde, désarçonnée, la puissance militaire française se déployer comme un voyageur tombé d'une caravane qui traverse un désert.
VOUS AVEZ DIT OFFENSIVE ECONOMIQUE DE LA FRANCE EN AFRIQUE ? BIEN VU !
L’intervention militaire française en Centrafrique n'a pas connu une dissonance entre la majorité et l’opposition car tous les hommes politiques français sont d’accord pour dire que l’Afrique francophone reste la zone d’influence privilégiée de la France et de ses entreprises, même si la nouvelle concurrence emmenée par la Chine, le Brésil voire la Turquie est désormais une réalité en Afrique.
Pour sa part, la France possède de nombreux atouts en Afrique francophone : la langue française, la monnaie avec la fameuse Zone CFA et le rôle de grandes entreprises françaises telles que Total, Elf, Orange, Areva, Vinci, Bolloré et bien d'autres groupes qui continuent à monopoliser bon an mal an les marchés juteux du continent africain, même si les parts de marché des entreprises françaises en Afrique ont été divisées quasiment par deux en dix ans, passant de 10% à 4,7% avec la concurrence des pays émergents que Paris ne voit pas toujours d'un bon oeil..
Malgré sa côte qui bat tous les records d'impopularité des présidents de la Vème République, François Hollande triomphe à l’international dans la zone traditionnelle d’influence de la France : l’Afrique. C'est bon pour le moral! N'a t-il pas déclaré à Bamako que ce jour historique où il a vaincu les islamiques au Mali était le "plus beau jour de (sa) vie politique " ?
On le voit, sur le plan militaire, la présence de la France est permanente et elle joue le rôle de mercenaire de la communauté internationale. Car chaque fois que les droits de l’homme sont bafoués en Afrique et qu’il y a une menace de dislocation des rapports ethniques entre populations locales, c’est toujours la France, championne du monde du monde toutes catégories qui prend les devants de la scène sous le regard complaisant et complice de Washington. Barack Obama himself n'a t-il pas récement remercié François Hollande pour tout le job effectué en Afrique ?
L'AFRIQUE DOIT-ELLE BOUTER LA FRANCE HORS DE SES FRONTIERES ?
Les dirigeants africains, doivent sortir de la couardise politique et de l’ambiguïté maladive qui sait si bien les caractériser . On ne peut pas dire à la France "Allez-vous-en ! Partez d’Afrique ! Vous êtes colonisateurs et néo-colonisateurs " et dans le même temps, se tourner vers la France dès le moindre incident, pour supplier presqu'à genoux Paris de revenir sauver l'Afrique avec chars et canons. Il faudra bien être cohérent un jour.
En l'espèce, la Centrafrique, ce sont les autorités centrafricaines, l'ancien premier ministre en tête ainsi que les populations civiles qui ont prié la France d’intervenir dans leur pays. On n'oubliera jamais les larmes à peine réprimées de l'ancien premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye qui, depuis sa chambre d'hôtel à Paris, suppliait la France, devant micros et caméras, d'intervenir en Centrafrique pour stopper les massacres faits par les...Centrafricains !
Fidèle à sa posture légaliste, la France a voulu mettre les formes dans son intervention en demandant une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies.La suite, tout le monde la connaît. Et pour conclure, que dire du récent sommet africain de l’Élysée sinon que c'était ni plus, ni moins, une offensive de charme pour le retour en force de la France en Afrique. On peut dire ce que l'on veut, une chose est sûre et certaine: la Françafrique a encore de beaux jours devant elle..
Cette relation entre la France et l'Afrique a encore de beaux jours devant elle car on ne peut pas nier le rôle de la France dans les jeux économiques,politiques, et le fait qu'elle a toujours versé son sang pour l'Afrique.Tantôt elle aide , tantôt elle pille, relation très complexe en éffet.
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