Carrières : Femmes aux "métiers d'hommes": les fantasmes de la Belle époque

Au début du XXe siècle, l'arrivée de femmes dans des professions masculines a suscité autant d'espoirs que de craintes. Dans Femmes en métiers d'hommes, cartes postales 1890-1930, la chercheuse Juliette Rennes analyse les représentations d'une époque qui fait encore écho à la nôtre. Extraits
Les "professionnelles" représentées sont d'ailleurs souvent jouées par des comédiennes. Au dos de ce cliché, l'expéditeur écrit: "Chère Bertha, avez-vous des beaux cordonniers comme cela à Inden?"

Autres femmes à susciter une curiosité plus ou moins bienveillante, les cochères, qui accèdent à la profession en 1907."Mme Dufaut sur les boulevards, plus de badauds que de clients", indique cette carte. "L'activité de conduire, comme celle de plaider, marque la transgression d'une frontière symbolique entre les sexes, et cette transgression fascine les contemporains", explique Juliette Rennes dans son livre.

"Séquence que l'on retrouve sur diverses cartes, l'accident permet de mettre en doute les compétences des cochères et de mettre en scène la commisération paternaliste de confrères, de passagers ou de passants", observe l'ouvrage. Certains sont même provoqués par des cochers concurrents et jaloux.

En 1900, la loi autorise les femmes à accéder au barreau et l'avocate devient un thème récurrent des cartes. "Dotée d'une attitude, d'une façon de se tenir et de s'habiller inappropriées au Palais de justice, l'avocate fantaisiste, trop burlesque pour être redoutable, permet d'exorciser les craintes que suscita, dans le monde du barreau, l'arrivée des avocates réelles."

L'avocate n'est représentée comme crédible que dans des missions bien définies. "En défenseuse et protectrice d'enfants pauvres, voleurs de pain, [elle] devient ici une figure presque acceptable qui peut mettre en oeuvre, sans faire concurrence aux hommes, 'les délicatesses de la femme et de la mère', selon les mots d'une autre avocate imaginaire."

Plus que leurs compétences ou leur art oratoire, c'est le physique des avocates qui retiennent l'attention du public. "Voici une carte postale qui représente une petite femme bien mignonne", peut-on lire sur celle-ci. Et la femme avocate est aussi celle qui réclame une suspension d'audience pour pouvoir nourrir son bébé...

Au début du XXe siècle, l'arrivée de femmes dans des professions masculines a suscité autant d'espoirs que de craintes. Dans Femmes en métiers d'hommes, cartes postales 1890-1930, la chercheuse Juliette Rennes analyse les représentations d'une époque qui fait encore écho à la nôtre. Extraits
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