L'international français de football Franck Ribéry, prétendant au ballon d'or qui se sera décerné ce soir, est adulé en Bavière où il évolue mais aussi paradoxal que cela puisse paraître,carrément haï en France son propre pays. Nul n'est-il vraiment prophète chez soi? Mais au fait qu'est-ce qui fonde et justifie la haine et le mépris des français pour l'un des meilleurs joueurs de la sélection nationale. Que l'on revienne en arrière: qu'il s'agisse de l'affaire Zahia ou de la révolte du bus lors de la Coupe du monde 2010, ces deux évènements majeurs ont nettement pesé dans le mépris clairement affiché par les français à l'égard de l'un des enfants terribles du football français. Alors qu'en France, le nom de Franck Ribéry est clairement associé aux dérives, de l'autre côté du Rhin, l'attaquant vedette du Bayern de Munich bénéficie d'une onction populaire qui fait l'unanimité sur le talent d'un footballeur au sommet de son art.
Le rude hiver bavarois et les subtilités tactiques du football allemand, Franck Ribéry s'y est fait assez rapidement à son arrivée à Munich voici six ans. Il lui a fallu du temps pour réussir. L'attaquant de 30 ans saura ce soir s'il a été élu meilleur joueur du monde de l'année 2013 ou si le jury lui a préféré l'Argentin du FC Barcelone Lionel Messi ou le Portugais du Real Madrid Cristiano Ronaldo, à qui une rumeurde plus en plus persistante attribue d'ores et déjà la couronne.
Si l'affaire se décidait au nombre de lauriers récoltés sur l'année, Ribéry serait léu car il a raflé tout ce qu'il pouvait en 2013 - championnat et Coupe d'Allemagne, Ligue des champions, Supercoupe d'Europe, meilleur joueur d'Allemagne et du continent.
Mais seulement voilà, Franck Ribéry a deux longs bâtons dans les roues : les statistiques affolantes de son rival portugais d'abord. En effet, Ronaldo affiche au compteur, la bagatelle de 92 buts en 87 matches depuis le début de la saison 2012-2013. Ensuite, l'attaquant du Nord a un talent individuel noyé dans le meilleur collectif du monde,celui du Bayern Munich.
Avant de découvrir le verdict du jury, Ribéry a pu constater, avec celui du public, qu'il n'était pas forcément prophète en son pays. Parmi les Français s'intéressant au football interrogés par Ipsos pour le magazine France Football en septembre dernier, 33 % lui remettraient le Ballon d'or. Une impopularité qui sanctionne sans doute son rôle supposé dans la grève de l'entraînement lors de la Coupe du monde 2010, dont il fut désigné comme l'un des meneurs. Et ses amours tarifées avec Zahia, une affaire pour laquelle il risque toujours 45 000 euros d'amende et trois ans de prison pour « sollicitation de prostituée mineure » – le joueur n'a cessé d'affirmer qu'il ignorait l'âge de ladite prostituée, qui confirme qu'il ne pouvait pas savoir qu'elle était mineure.
CÔTE DE POPULARITÉ EN HAUSSE
« Il ne faut pas non plus considérer que Franck est détesté en France, tempère son agent, Jean-Pierre Bernès. Il a traversé des moments difficiles, mais il ne faut pas rester figé sur cette image. » De fait, sa cote de popularité est aujourd'hui en hausse : selon une enquête IFOP réalisée début décembre pour Canal +, 53 % des Français s'intéressant au football lui décerneraient le Ballon d'or. Restent les autres, qui ne souhaitent pas le voir succéder à Raymond Kopa (1958), Michel Platini (1983, 1984, 1985), Jean-Pierre Papin (1991) et Zinedine Zidane (1998).
« En France, j'ai l'impression que certains préféreraient que ce soit Cristiano Ronaldo plutôt que moi », regrette l'intéressé qui, depuis quelque temps, pèse soigneusement chacun de ses mots face aux micros. « Va demander au Portugal si on parle de Ribéry là-bas... Ils savent ce que j'ai fait cette année, mais ils soutiennent Ronaldo, pour eux, c'est une fierté, ajoute-t-il. Je sais pas moi, ça fait très longtemps qu'on n'a pas vu un Français tout gagner en club et être bon en équipe nationale. Des fois, je comprends pas. Mais bon, c'est comme ça, c'est la vie. » résume t-il, philosophe.
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