Matteo Renzi, le tout nouveau Président du conseil
italien, n’a pas froid aux yeux. Il joue sa carrière, sa réputation pour
relancer l’économie italienne. Il s’est donné 100 jours pour nettoyer le
système et le faire repartir.
Les moyens utilisés sont très simples. Des baisses
d’impôts d’un côté et des économies de dépenses de l’autre.
Il s’agit de manier les outils que Mario Monti avait
huilés et sortis sans pouvoir les appliquer faute de légitimité politique.
Trois axes de reformes :
1er axe : des baisses d’impôts
massives, en gros 10 milliards d’euros pour 10 millions d’Italiens, soit 1000 euros
de plus en pouvoir d’achat pour ceux qui paient l’impôt. Et ça va se voir très
vite puisque les impôts sont prélevés à la source. Et oui !
L'impôt sur les entreprises va baisser aussi de 10% ce
qui va ramener le taux global de charges à 32% environ, l’un des taux les plus
faibles des grands pays européens.
Enfin, l’État, va régler immédiatement aux entreprises
tous les impayés, soit 60 milliards d’euros qui seront financés par la caisse
des dépôts. Une façon de mobiliser l’épargne des Italiens. Et surtout
d’assainir les entreprises.
2e axe : des augmentations de
dépenses publiques très ciblées, l’école, l’apprentissage, et la
protection de l’environnement. Au total, 5 milliards d’euros. Ce n’est pas
rien.
3e axe : le financement de
toutes ces mesures sera assuré par des économies de dépenses publiques. Et là encore, Matteo
Renzi n’hésite pas. Plutôt que de raboter les dépenses de fonctionnement
(rémunérations), il réduit le périmètre de l’État et des collectivités locales
(lesquelles sont très puissantes parce que l’Italie est très décentralisée). Il
va donc reprendre et poursuivre le plan de privatisation. Il reprend et
poursuit le plan de réduction du train de vie de l’État à raison de 35
milliards sur 3 ans.
Il augmente la fiscalité sur les rentes financières
pour baisser la taxation des activités. Il récupère de la TVA sur les impayés
de l’Etat (3 milliards).
Enfin, il lance une réforme des institutions très
emblématique puisqu’il prépare purement et simplement la suppression du Sénat
pour mette fin au système paralysant des deux chambres et au passage, il
économise environ 500 salaires de haut niveau en moins. Mais ce n’est pas
l’objectif. L’objectif c’est de simplifier la procédure législative et rendre
des majorités opérationnelles. On a du mal à imaginer une telle proposition en
France. Le palais du Luxembourg, où les élus siègent pratiquement à vie,
exploserait.
Le bilan de ce grand chambardement aboutit à un
déficit budgétaire légèrement accru mais qui, compte tenu de la baisse des taux
d’intérêt, ne dépassera pas les 3%. Bruxelles surveille mais Bruxelles accepte
le risque, le déficit actuel n’est que de 2,6 %, avec un coût de la dette en
forte baisse pour l’année prochaine.
Comme souvent en Italie, les mesures peuvent donner
l’impression de partir dans tous les sens. Matteo Renzi a beau être le plus
jeune de tous les chefs d’État, il tient à la cohérence.
D’abord, il n’accuse personne d’avoir perturbé le
modèle italien. Ce n’est de la faute ni de l’Allemagne, ni de l’euro, ni de la
banque centrale, ni de la commission de Bruxelles, ni d’un quelconque bouc
émissaire extérieur. Si l’Italie est en difficulté, c’est qu’elle a été
incapable de résister aux contraintes de la crise et de la mondialisation. Il
faut donc qu’elle se mette à niveau. Il faut que les Italiens se reforment
eux-mêmes.
Ensuite, l’Italie ne s’en sortira qu'en développant
l’offre industrielle et cette offre viendra principalement des PME. il faut
donc donner aux entreprises de l’oxygène, pour qu’elles retrouvent de la marge,
des financements, et de la compétitivité. Parallèlement : de la formation,
de l’apprentissage, de l’innovation.
Enfin, le système ne tient la route que si
et seulement si, l’oxygène est financée par des économies sur les dépenses
publiques. D’où une révision drastique du périmètre de l’état italien.
Le plan de Matteo Renzi n’est pas très diffèrent de
celui mis en route par Mario Monti, à un détail près : Matteo Renzi e été
élu alors que Monti avait été nommé par les chefs d’ État de la zone euro au
mépris de toute précaution démocratique et que la majorité de gauche qui le
soutient a été prévenu. Les électeurs italiens n’ont pas été embarqués dans un
train de promesses. Ils ont voté pour un jeune technocrate passionné de
politique, qui n’a pas raconté d’histoires irréalisables. Il a prévenu
tout le monde, il s’est donné 100 jours pour mettre en place l’essentiel de son
plan. Ou il y parvient, ou il s’en va.
Certains en France, diraient qu'il fait du chantage.
Lui et ses amis pensent que la politique moderne ne peut jouer que sur la
vérité. A méditer !
si Moullande pouvait suivre l'exemple de ce jeune homme
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