Mercredi, un tribunal d'Ankara avait invalidé le blocage de Twitter, six jours après que l'Autorité des télécommunications (TIB) eut empêché l'accès au site sur décision du gouvernement. Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, avait pris cette décision à la suite de la publication de conversations téléphoniques piratées le mettant en cause dans un vaste scandale de corruption, et ce peu avant les élections municipales du 30 mars.
« UNE DÉCLARATION DE GUERRE À LA NATION TURQUE »
Le blocage de YouTube a lieu après qu'un enregistrement audio, présenté comme une conversation entre de hauts responsables turcs évoquant une possible opération militaire en Syrie, a été diffusé sur le site, jeudi matin, sur un compte anonyme. L'authenticité de ce document n'a pas pu être confirmée. A trois jours d'élections municipales cruciales pour le gouvernement, Recep Tayyip Erdogan le premier ministre est de plus en plus critiqué pour son autoritarisme après douze ans de règne sur la Turquie.
Dans la bande sonore querellée , la voix attribuée à M. Fidan envisage d'envoyer « quatre hommes [en Syrie] pour lancer huit missiles dans un terrain vague » en Turquie, afin de justifier une riposte militaire turque. L'opération aurait eu pour but de sécuriser les alentours de la tombe de Suleyman Shah, grand-père du fondateur de l'Empire ottoman, que la Turquie considère comme relevant de sa souveraineté. La Turquie avait menacé il y a deux semaines de réagir à une éventuelle attaque contre la tombe, après des combats ayant opposé EIIL à d'autres groupes rebelles de la région, à l'est d'Alep, près de la frontière turque.
Furieux, M. Davutoglu a dénoncé des écoutes qui « constituent clairement une déclaration de guerre à l'Etat et à la nation turque », a-t-il dit, promettant que la Turquie « répondra de la manière la plus adéquate » à ce qu'il a appelé une « attaque contre l'avenir et la stabilité » du pays.
ÉCOUTES, PURGES ET AFFAIRES
Empêtré dans un scandale politico-financier, le premier ministre turc avait déjà menacé de faire interdire YouTube et Facebook. Depuis l'inculpation en décembre de dizaines de proches du régime, patrons, élus ou hauts fonctionnaires, soupçonnés de corruption, l'opposition exige la démission de M. Erdogan. Depuis le mois dernier, des dizaines d'enregistrements de conversations téléphoniques piratées mettant en cause M. Erdogan et son entourage ont été diffusées sur Internet. Dans ces échanges dont l'authenticité n'a pas été définitivement établie, le premier ministre demande notamment à son fils de dissimuler plusieurs millions d'euros et de dollars cachés chez des proches ou évoque une commission jugée insuffisante versée par un groupe industriel.
En définitive, tout cela peut-il justifier la violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend pouvoir rejoindre un jour l'union européenne?
Une suite de faits lamentables, et c'est la liberté d'expression qu'on met au banc des accusés.
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