L'Union Européenne a revêtu son épais manteau de justicier et de donneur de leçons pour dicter sa conduite au régime de Viktor Ianoukovitch. La démarche est unanime en Europe. La condamnation aussi, après l'escalade de la violence en Ukraine qui aurait fait, selon plusieurs sources, au moins 25 morts en 24 heures. Que l'Europe décide sur le tard de bomber le torse et montrer ses muscles laisse perplexe tout observateur averti car il y a à peine une petite semaine, la même union européenne balbutiait vertement des sermons inaudibles et excluait au passage toute idée de sanction contre Kiev. Raison évoquée ? Le dialogue en cours entre le pouvoir et l'opposition.
Mais seulement voilà, après les nouveaux affrontements, mardi, le ton a changé. Le chaos vers lequel s'achemine lentement mais surement l'Ukraine s'est invité malgré lui, ce mercredi à Paris au Conseil des ministres français et allemands, les deux poids lourds incontestables de la communauté.
Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel se sont prononcés pour des "sanctions individuelles" à l'encontre des "responsables avérés des violences". "Mais il faut relancer aussi le processus politique", a insisté le président français. "Une sanction est importante mais elle n'est pas une fin en soi", a toutefois nuancé la chancelière allemande au cours de la conférence de presse commune des deux dirigeants de la vieille Europe. Pour la chancelière allemande, Viktor Ianoukovitch "doit changer maintenant de politique". "Il ne peut pas gagner du temps, car cela fait de nouvelles victimes". François Hollande a pour sa part insisté sur le fait que l'initiative d'éventuelles sanctions devrait incomber à toute l'Union européenne, et non pas seulement au couple franco-allemand. Dans cette optique, le ministre polonais des Affaires étrangères va se rendre en mission à Kiev à la demande de l'UE.
Toutes les options sont mises sur la table de l'Europe
Par ailleurs, le président Hollande a " demandé à l’Union européenne d’engager très rapidement les décisions permettant la mise en œuvre de ces sanctions lors de la réunion du Conseil Affaires Etrangères le 20 février ". Ce sommet, annoncé ce mercredi par la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. réunira à Bruxelles les 28 ministres des Affaires étrangères. Il est fort probable, eu égard à la situation qui prévaut, que "toutes les options seront étudiées, y compris des sanctions contre les responsables de la répression et des violations des droits de l'Homme ", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Parmi les mesures possibles, figurent l'interdiction des visas et le gel des avoirs pour les dirigeants ukrainiens impliqués dans la répression, a souligné le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, Elmar Brok.
"Nous espérons que les Etats membres pourront se mettre d'accord dans l'urgence sur des mesures ciblées contre les responsables de la violence et l'usage excessif de la force", a pour sa part déclaré mercredi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. La question des sanctions à l'encontre de l'Ukraine ne faisait en effet pas consensus jusqu'à présent parmi les Etats membres. Ainsi, la Roumanie ne s'est pas prononcée en faveur d'un durcissement. " Dans ce moment de tension maximale, seul le dialogue peut résoudre la crise ", a souligné son ministre des Affaires étrangères, Titus Corlatean.
"Un risque de voir le régime durcir encore le ton"
"Il n'y a pas d'unanimité car plusieurs pays voisins de l'Ukraine ne souhaitent pas s'avancer dans la voie des sanctions en disant que c'est un risque que l'on prend, un risque de voir le régime durcir encore le ton à l'égard de l'opposition", a résumé le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, personnellement favorable à des sanctions. Sur Twitter, ses homologues britannique, William Hague, et suédois, Carl Bildt, ont affirmé une position similaire, le second accusant même le régime ukrainien d'avoir "du sang sur les mains".
La position de la Russie est toute autre, puisque Moscou a évoqué mercredi une " tentative de coup d'Etat " en Ukraine. " Le président russe n'a jamais donné et ne donne pas de conseils à son homologue ukrainien sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire, et n'a pas l'intention d'en donner à l'avenir ", a déclaré le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, cité par l'agence Interfax. Il a cependant confirmé que les présidents russe et ukrainien s'étaient parlés au téléphone dans la nuit de mardi à mercredi, alors que des affrontements faisaient rage à Kiev.
C'est vrai que la situation est devenu très compliquée en Ukraine,je mise aussi pour la sanction,êtes-vous de cet avis!
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