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lundi 10 février 2014

Les Suisses ont voté «contre l'immigration de masse» : quelles leçons retenir de cette votation inquiétante ?

Les urnes ont parlé. Les Suisses se prononcés ce dimanche dans un référendum baptisé «Contre l'immigration de masse». 50,3% des électeurs ont voté «oui». Le résultat est serré, certes. Mais le "oui" l'a emporté. Sur le fil du rasoir. A la demande de l'Union démocratique du centre (UDC), parti populiste et antieuropéen notoire, les suisses ont voté "contre l'immigration de masse", remettant de ce fait en cause, les accords conclus entre Berne et Bruxelles en 1990. Accords qui instaurent depuis leur entrée en vigueur en 2002, la libre circulation des biens et des personnes entre la Suisse et l'Union Européenne.

A y regarder de près, il apparaît assez clairement que le résultat de cette votation aura sans aucun doute, de lourdes conséquences dans les relations entre la confédération helvétique et l'Union Européenne. Ce n'est donc pas un fait du hasard si à Bruxelles, réagissant au résultat de ce référendum, l'on affirme qu'on suit cette situation préoccupante de près, ce qui en langage diplomatique veut dire que l'heure est grave. Mais au fait, quelles leçons pouvons-nous tirer de cette votation, pour reprendre l'expression consacrée? 


Première leçon, à notre sens : le peuple Suisse n'a peut-être pas voté contre l'Europe. Il a voté contre les ressortissants de l'Union européenne. Je vous l'accorde : il n'est pas certain que la différence soit évidente.

Le gouvernement fédéral suisse dispose à présent d'un délai de trois ans pour mettre en oeuvre la proposition de l'UDC qui a triomphé d'une courte tête dans les urnes. Ainsi, il faudra coûte que vaille, restaurer des quotas à l'immigration. Cela suppose bien évidemment la renégociation de l'accord de libre circulation conclu avec l'Union Européenne. Mais seulement voilà : le hic est que cet accord fait
partie d'un ensemble non séparable : pas d'accès au marché intérieur de l'Union européenne sans libre circulation. Alors question : si Bruxelles s'en tient à ce principe de base, quel avenir pour la négociation sinon l'impasse?
La tactique de la recherche effrénée du bouc émissaire importée en Suisse ?
Depuis l'ouverture des frontières européennes et l'avènement d'une crisé économique sans nom dans la zone euro, on a vu prospérer ça et là, des tactiques de bouc émissaire qui consistent à pointer un doigt accusateur sur les étrangers lorsque tout va mal. Certes, à la vérité, l'on doit de dire que depuis les accords de Schengen,  les flux migratoires ont sensiblement augmenté en Suisse, notamment l'immigration des Allemands, des Français, des Italiens et des Portugais qui sont les peuples constituant la population la plus importante de l'« immigration de masse » qui est dans le viseur de l'UDC.
Mais à vrai dire, ces accords ont aussi dopé l'économie de la confédération helvétique qui est aujourd'hui l'une des économies qui se porte bien au sein de l'Europe. La bonne santé de l'économie suisse est due en majeure partie à l'apport des migrants communautaires. Ceci est un fait indéniable. Aujourd'hui, grâce à cet apport extérieur, la Suisse jouit du plein-emploi avec moins de 4 % de taux de chômage. Ceci est aussi un fait irréfutable.
L'autre leçon à tirer de cette votation est panoramique. En observant les résultats, on s'aperçoit que le « oui » l'a emporté là où il y a le moins de travailleurs immigrés européens et le plus de chômeurs nationaux. De là à conclure que c'est un vote anti-élitiste, anti-patronat, anti-syndicats, anti-gouvernemental, il n'y a pas qu'un pas que l'on pourrait franchir allègrement en arguant au passage qu'il s'agit aussi d'un vote de crispation identitaire, un repli identitaire inspiré par un parti populiste qui sait si bien développer la tactique de bouc émissaire fort-prisée par les partis d'extrême-droite en Europe.
La troisième leçon à tirer de ce scrutin, qu'on le veuille ou non, est qu'il démontre à suffire une réalité implacable à laquelle aucun pays européen ne devra échapper. En effet, dans les pays occidentaux, la majeure partie l'opinion voit d'un mauvais oeil l'immigration non maîtrisée que les couches sociales les plus défavorisées perçoivent comme sinon une menace, du moins la source de leurs difficultés quotidiennes.
Et pour conclure, la dernière leçon à tirer de ce vote est que rien ne sera plus comme avant au sein de l'Europe. Plutôt que de se contenter à "dénoncer" ce scrutin, à stigmatiser les suisses ou à exprimer leurs appréhensions, les chancelleries occidentales et les gouvernements européens doivent cesser de faire la politique de l'autruche en se voilant la face. Car abandonner la problématique de l'immigration aux seuls partis populistes qui excellent dans la démagogique, est un danger pour la démocratie. Tous les partis doivent s'accaparer de cette question non taboue.

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