Alors que le pouvoir et les leaders de l'opposition tentent une nouvelle fois de trouver un terrain d'entente, les occupants de la place de l'Indépendance ont accepté, à l'appel d'un de leurs leaders Vitali Klitschko, de cesser les hostilités, jusqu'à 19 heures (heure française).
« Les chances ne sont pas grandes, mais elles existent », avait déclaré M. Klitschko à propos de ces négociations, après l'échec d'une réunion, mercredi.
LA DÉMISSION DU GOUVERNEMENT ÉTUDIÉE
Face à ce qu'il qualifie d'« agitation de masse », le président Viktor Ianoukovitch a demandé une session extraordinaire du Parlement pour discuter d'une éventuelle démission du gouvernement. « La situation doit être réglée immédiatement », a-t-il dit au président du Parlement, Volodymyr Rybak. Les députés sont attendus en début de semaine prochaine, a indiqué ce dernier.
Le premier ministre ukrainien, actuellement au Forum économique mondial de Davos, a qualifié les manifestations de « véritable tentative de coup d'Etat ». Cité par les agences de presse russes, Mikola Azarov a ajouté qu'il serait « irréaliste »d'organiser une élection présidentielle anticipée.
M. Ianoukovitch assuré qu'il n'envisageait pas pour autant de décréter l'état d'urgence dans son pays, selon un porte-parole du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avec qui il s'est entretenu.
Au-delà de la démission du gouvernement, l'opposition et la majorité parlementaire devraient se réunir pour parler des « questions liées à des lois votées par le Parlement », a indiqué M. Ribak, le président du Parlement.
Les lois auxquelles il fait référence sont sûrement celles votées le 16 janvier – qui prévoient tout un arsenal juridique destiné à faire taire la contestation, dans la rue comme sur Internet. Entrées en vigueur mardi soir à minuit, elles ont précipité les manifestations dans la violence : 5 personnes ont été tuées, selon les manifestants (dont trois confirmés par le parquet ukrainien). Plus de 150 policiers auraient également été blessés.
Dans la rue depuis plus de deux mois, un grand nombre d'opposants au régime sont lassés par l'absence de réponse des autorités et par l'attentisme des partis d'opposition. Le boxeur Vitali Klitschko, le chef du parti libéral Oudar, chef de file du mouvement à ses débuts, a perdu sa légitimité auprès d'une large frange plus radicale qui lui reproche son manque de pugnacité. Mardi, il s'est montré impuissant à faire avancer les négociations entre le régime et l'opposition, M. Ianoukovitch ayant refusé de le rencontrer.
Face à ce blocage politique, un nombre grandissant d'Ukrainiens estiment que c'est par des actions plus violentes que le régime pliera. Alors que les rumeurs d'autres morts parmi les manifestants circulaient mercredi matin, les Kiéviens se préparaient à un regain de colère dans la rue.
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