Le premier ministre centrafricain, André Nzapayeke, a formé, lundi 27 janvier, son nouveau gouvernement de transition. Composé de vingt ministres, dont sept femmes, il conserve plusieurs figures connues du précédent, tels que Herbert Gontran Djono Ahaba, aux travaux publics, ou Marie Noël Koyara, au développement rural, tous deux proches de l'ancien président Michel Djotodia.
Parmi les figures de l'ex-rébellion Séléka, qui avait pris le pouvoir en mars 2013, on retrouve notamment Arnaud Djoubaï-Abazène, aux transports, et Abdallah Hassan Kadre, précédemment à l'économie, aux télécommunications. Les ministères de la défense et de la sécurité publique reviennent quant à eux à deux militaires issus de l'ancienne armée nationale, le général Thomas Timangoa et le colonel Denis Wangao. Les milices chrétiennes « antibalaka » sont également représentées, avec Léopold Narcisse Bara, à la jeunesse et aux sports.
« ARRÊTER LES EXACTIONS »
A peine nommé samedi par la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, le nouveau premier ministre, André Nzapayeké, avait fixé la feuille de route du futur gouvernement, « qui va se charger de la question de la réconciliation nationale ». Priorité numéro un : « arrêter les exactions » dans le pays, a-t-il indiqué. Il souhaite aussi faciliter rapidement « le retour » des déplacés chez eux, et prépare désormais le programme de pacification que le nouveau gouvernement devraappliquer urgemment face à la poursuites des violences entre chrétiens et musulmans.
L'ex-président Michel Djotodia avait été contraint à la démission le 10 janvier en raison de son incapacité à mettre fin aux tueries interreligieuses qui ont plongé le pays dans une crise humanitaire sans précédent, avec des centaines de milliers de déplacés, dont quatre cent mille à Bangui, soit la moitié de la population de la ville.
Michel Djotodia avait renversé en mars 2013 François Bozizé, en s'appuyant sur la coalition rebelle Séléka, à dominante musulmane, dont les combattants ont multiplié pendant des mois les exactions en toute impunité contre la population majoritairement chrétienne du pays, déclenchant une spirale de violences interconfessionnelles.
En réaction, des milices d'autodéfense se sont rapidement formées en province et dans la capitale, encadrées notamment par des anciens de la garde présidentielle fidèles au président Bozizé, et ont rapidement fait parler d'elles, s'en prenant régulièrement aux ex-Séléka mais surtout aux populations civiles musulmanes.
Depuis décembre, date du début de l'intervention militaire française aux côtés des forces africaines pour rétablir la sécurité dans le pays, les violences ont fait plus de deux mille morts et un million de déplacés, selon l'Organisation des Nations unies, qui a nommé une commission d'enquête sur les exactions commises dans le pays.
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