Du jamais vu en Israël : plus de 30 000 migrants africains clandestins sont massivement descendus dans les rues de Tel-Aviv, dimanche 5 janvier 2014. Cette manifestation monstre est sans aucun doute, le plus grand rassemblement de ce genre jamais enregistré dans l'Etat hébreu. Ce gigantesque mouvement de protestation, qui intervient après l'adoption d'une loi autorisant le placement en rétention des immigrés clandestins sans procès pour une durée pouvant aller jusqu'à un an, a pris un l'ampleur inattendu. De 200 participants le 16 décembre dernier, la mobilisation est passée à plusieurs milliers le 28 décembre, pour atteindre plusieurs dizaines de milliers ce dimanche.
Massés de manière pacifique en grappes serrées sur la place Yitzhak-Rabin, les manifestants ont dénoncé le refus des autorités israéliennes d'examiner leurs demandes d'obtenir un statut de réfugié. Selon eux, après avoir fui persécutions, guerres civiles ou génocides, ils se heurtent au refus du gouvernement israélien qui s'obstine à ne pas étudier leurs demandes d'asile et en plus les ne les traiterait pas comme des êtres humains.
« Nous sommes tous des réfugiés ! Oui à la liberté, non à la prison ! »,
Durant cette manifestation monstre, les africains ont scandé en anglais le slogan « Nous sommes tous des réfugiés ! Oui à la liberté, non à la prison ! » en dénonçant clairement le placement en rétention de centaines de migrants. Soutenus par des militants israéliens, ces africains clandestins ont décrété une grève de trois jours sur leurs lieux de travail. Il convient de préciser qu'ils sont le plus souvent employés dans la restauration et l'hôtellerie.
« Renvoyer les clandestins dans leur pays »
Le député et ex-ministre de l'intérieur Elie Yishaï, du parti religieux ultraorthodoxe Shass, a affirmé que « cette manifestation était un signal d'alarme pour agir contre les clandestins », ajoutant que Tel-Aviv était devenue selon lui une « ville africaine ». « L'Etat d'Israël et les autorités judiciaires et policières doivent utilisertous les moyens à leur disposition pour renvoyer les clandestins dans leur pays », a-t-il déclaré au quotidien Maariv.
Il faut dire que ce député semble ainsi emboîté le pas au premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui déjà, en 2013, se disait « déterminé » à expulser « les dizaines de milliers de migrants clandestins ». Ces immigrés sont en majorité des Erythréens et des Soudanais ayant demandé le statut de réfugié politique, qui leur a quasi systématiquement été refusé. Ils refusent de retourner dans leur pays par crainte de la répression qui les y attend. Ils ont choisi de se concentrer dans les quartiers défavorisés du sud de Tel-Aviv où malheureusement, des incidents et des agressions xénophobes sont légion.
Clôture électronique
Le 10 décembre 2013, une loi a été votée dans l'Etat hébreu, stipulant que les immigrés clandestins peuvent être placés jusqu'à un an en rétention sans procès. Un centre de rétention surnommé Holot a été ouvert dans la foulée dans le sud d'Israël. Il est ouvert toute la journée, mais les détenus doivent pointer à trois reprises et y passer la nuit. Destiné à accueillir 3 000 personnes, il peut être agrandi afin d'en recevoir près de 11 000.
En 2012, une campagne des autorités israéliennes a abouti au départ ou à l'expulsion de 3 920 des quelque 60 000 Africains entrés clandestinement en Israël, notamment par la péninsule égyptienne du Sinaï. Entre-temps, Israël a achevé en 2013 la construction d'une clôture électronique le long des 230 kilomètres de frontière avec l'Egypte, pour réduire à néant le nombre d'entrées illégales des africains sur son sol.
Cette gigantesque manifestation sans précédent va t-elle pousser le gouvernement d'Israël a mettre un peu de l'eau dans son vin? L'avenir répondra à cette question.
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