Le président des États-Unis d'Amérique n'aime pas souvent parler des problèmes de races qui pourtant existent toujours dans son pays. Surtout en ce qui le concerne. Et pour cause. Barack Obama n'est pas dupe. Il n'ignore pas que c'est un sujet sensible. Mais pas que. Car le locataire de la Maison Blanche n'est pas du genre à pleurer sur son "sort". Pudique par nature qu'il est. Et pourtant, il a récemment brisé son silence sur la question. Lors du lancement de l'opération My Brother's Keeper ("le gardien de mon frère"),
Barack Obama a pris de court son auditoire à la Maison Blanche en parlant avec une vraie émotion, de son passé de jeune homme
noir : "Je n'avais pas de père à la maison et cela me mettait en colère,
même si je ne m'en rendais pas compte, a t-il confessé devant un
parterre de jeunes noirs médusés par la franchise de leur président. "J'ai fait des
mauvais choix, je me suis drogué, je n'ai pas toujours été sérieux à
l'école et je me trouvais des excuses." L'idée de cette initiative
lui est venue après la mort de Trayvon Martin,
cet adolescent noir tué en Floride par un vigile hispanique.
L'acquittement de ce dernier, en juillet 2013, provoqua une vague de
protestation à travers tout le pays et incita le président à sortir
de sa réserve : "Si j'avais eu un fils, il aurait ressemblé à
Trayvon..." Le lancement de My Brother's Keeper coïncide avec le
deuxième anniversaire du drame.Doté de 200 millions de dollars, ce programme sur cinq ans vise à aider les jeunes Noirs, laissés-pour-compte du rêve américain. Illettrisme, absentéisme scolaire, démêlés avec la justice... Ils cumulent en les handicaps. La raison majeure de cet échec semble être l'absence d'un père à la maison.
En dehors des problèmes affectifs (selon une enquête, 76 % des pères blancs montreraient tous les jours de l'affection à leurs enfants, contre 56 % des pères noirs), Obama a aussi évoqué la "lassitude" de l'Amérique concernant la condition des jeunes Noirs. Celle-ci, s'est-il insurgé, passe pour "consubstantielle au mode de vie américain", raison pour laquelle elle est "la toile de fond de nombreux films", alors qu'elle devrait "nous briser le coeur et nous pousser à agir". Mais le président a exhorté les jeunes Noirs à ne s'en prendre qu'à eux-mêmes pour les conséquences des mauvais choix qu'ils peuvent être amenés à faire.
Une corde autour du cou de la statue de James Meredith
Pas un mot, en revanche, sur les tensions ethniques qui viennent de secouer certaines universités américaines. Ainsi, le 16 février, sur un campus du Mississippi, des jeunes Blancs ont passé une corde autour du cou de la statue de James Meredith, premier étudiant noir à s'y être inscrit, en 1962. À l'époque, il n'avait pu faire son entrée dans l'établissement que sous la protection de la police... Alors, oui, c'est entendu : il faut davantage aider les jeunes Noirs. Mais ne faut-il pas aussi éduquer davantage les jeunes Blancs ?
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