Ils étaient 80 000 selon la police, 500 000 selon les organisateurs. À Paris, les défenseurs d'une vision traditionnelle de la famille, opposants à la "théorie du genre" et à ce qu'ils considèrent comme la "familiphobie" du gouvernement, étaient nombreux à défiler dimanche. À Lyon, ils étaient 20 000 selon la police, le double pour les organisateurs.
À Paris, une foule dense, sous un soleil radieux. Aucun incident n'avait été signalé en fin d'après-midi, au moment où commençait la dispersion du défilé. "Nous étions plus d'un demi-million à Paris et 40 000 manifestants à Lyon", a dit l'organisation de la Manif pour tous, évoquant "une vague bleu et rose".
"Hollande, ta loi, on n'en veut pas !"
Dans la capitale, de nombreuses familles se mêlent à des jeunes filles en Marianne, bonnet phrygien sur la tête, des petits garçons en Gavroche, une poignée d'élus et à quelques prêtres comme Philippe Blin, curé à Sèvres (Hauts-de-Seine), qui "sent un acharnement contre les familles". Beaucoup arborent le nom de leurs départements ou villes d'origine, reprenant les slogans "Hollande, ta loi, on n'en veut pas !" ou "Peillon, démission !" au milieu de quelques drapeaux tricolores.
Selon Ludovine de la Rochère, présidente de LMPT, son mouvement s'inscrit dans une "continuité", plus d'un an après les manifestations contre le mariage homosexuel. Quelques plaisantins anti-LMPT se sont faufilés dans son dos, alors qu'elle donne une interview télévisée, plaçant dans le champ de la caméra des pancartes : "Sous les pavés : la Bible" ou "Protégeons nos enfants des sorcières : brûlons les rousses", ont constaté des journalistes de l'AFP.
Retrait de l'ABCD de l'égalité
Venue de Saumur avec six membres de sa famille, Françoise, qui ne veut donner que son prénom, "a fait trois manifs l'année dernière". "On reviendra tant qu'il faudra", dit-elle. Pour Said Ahmet, père de famille algérien venu avec son ami Abdel de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), c'est au contraire "la première manif de (leur) vie". La polémique de la semaine sur une supposée "théorie du genre" enseignée à l'école les a décidés à descendre dans la rue.
L'une des revendications de la Manif pour tous est le retrait de l'ABCD de l'égalité, une expérimentation mise en place à l'école pour lutter contre les stéréotypes filles/garçons. Elle dénonce aussi l'ouverture redoutée de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et la gestation pour autrui (GPA), ainsi que le projet de loi sur la famille, qui ne prévoit pourtant ni PMA ni GPA.
Sur la place Denfert-Rochereau, les organisateurs font huer la théorie du genre, l'ABCD de l'égalité, les ministres Vincent Peillon (Éducation) et Najat Vallaud-Belkacem (Droits des femmes).
Douze militants du GUD arrêtés
Dimanche dernier, lors de la mobilisation anti-gouvernement Jour de colère, marquée par quelques slogans antisémites, 19 policiers avaient été blessés et 226 personnes placées en gardes à vue. Manuel Valls a prévenu qu'il ne tolérerait dimanche "aucun débordement".
En début d'après-midi, douze militants du mouvement étudiant d'extrême droite GUD (Groupe union défense) ont été brièvement interpellés en raison de "craintes qu'ils viennent troubler" la manifestation. Une demi-douzaine de militants apparentés à la droite identitaire ont également été interpellés, selon une source policière.
Environ 2 000 membres des forces de l'ordre ont assuré la sécurité du cortège et un hélicoptère de la police le survole, selon des journalistes de l'AFP. Cinq stations de métro étaient fermées en milieu d'après-midi.
La Manif pour tous a insisté sur l'état d'esprit "paisible et déterminé" de ses militants. Elle avait embauché deux huissiers pour constater "la bonne marche" de l'événement.
D'autres rassemblements se sont tenus parallèlement dans plusieurs villes européennes, dont Madrid et Varsovie.
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