Le Niger va devenir dans quelques années, le second producteur mondial d'uranium. Pourtant ce pays demeure l'un des plus pauvres au monde. La volonté du gouvernement de Niamey d'augmenter la redevance payée par le groupe nucléaire français Areva, qui extrait 40 % de sa production dans l'ancienne colonie française est "légitime", juge Pascal Canfin, le ministre délégué au développement. Cette affirmation, pertinente à souhait, a eu d'autant plus de retentissement qu'elle a
été faite devant l'Assemblée nationale, engageant ipso facto le gouvernement
français.
« Les deux parties se sont mises d'accord pour se donner comme date limite la fin février pour trouver un accord qui soit compatible avec les conditions d'exploitation de l'uranium d'Areva, a déclaré M. Canfin, avant d'ajouter : « mais, je vous le dis très clairement, qui permette au Niger d'augmenter les recettes fiscales auxquelles il [a] droit car les demandes du Niger sont considérées par ce gouvernement – et pas par le précédent gouvernement – comme légitimes. »
Voilà qui est dit ! Et pan pour Nicolas Sarkozy et François Fillon !
Le ministre, qui répondait à une question du député Vert Noël Mamère, a ajouté que «
ce gouvernement souhaite que le nouvel équilibre qui sera trouvé soit
compatible avec le développement du Niger, qui est conforme à notre
intérêt ».
Cet intérêt est économique, mais il est aussi stratégique, puisque Niamey appuie Paris dans la lutte contre les mouvements radicaux islamistes au Sahel. Pour les organisations non-gouvernementales, qui soutiennent le Niger, il s'agit d'un premier pas important. «
Le gouvernement français, pourtant actionnaire à plus de 80 % de la
multinationale, était jusque-là resté particulièrement discret, note Anne-Sophie Simpere d'Oxfam France. La réponse du ministre du développement laisse penser que le gouvernement suit enfin le dossier de près, et pourrait prendre ses responsabilités d'actionnaire majoritaire d'Areva. »
DES MARCHES DE PROTESTATION AU NIGER
Une marche et un meeting ont eu lieu à Niamey pour protester contre « le refus d'appliquer la législation fiscale »
opposé par Areva, qui exploite deux mines dans le nord du Niger (à
Arlit), et en développe une troisième, à Imouraren, pour un
investissement de 1,9 milliard d'euros.
Alors que les deux premières sont appelées à fermer, Imouraren devrait prendre le relais et produire 5 000 tonnes par an.
LE GOUVERNEMENT EST DOS AU MUR
Pour le Niger, la part de l'uranium dans le
budget national devrait passer de 5 % à « un minimum » de 20%. Chez Areva, on rappelle qu'au-delà des impôts,
taxes et redevances, le groupe participe à la rénovation d'écoles et
gère des hôpitaux dans le nord du pays. Il dépense 6 millions d'euros
par an dans ces activités. « Nous contribuons directement au budget à travers les emplois que nous créons et les impôts que nous générons, a déclaré à l'agence Reuters le président du directoire du groupe, Luc Oursel. C'est notre contribution, mais nous ne pouvons pas tout faire. »
Le président du Niger maîtrise bien le dossier et suit les
négociations de près. Ingénieur des mines formé en France, Mahamadou
Issoufou a été directeur d'exploitation de la mine d'Arlit puis de
secrétaire général de la Somaïr, de 1985 à 1991, une société
franco-nigérienne.L'enjeu politique est important réel. En 2016, il se représentera
devant les électeurs auxquels il avait promis, lors de la campagne
électorale de 2011, une meilleure retombée des royalties tirées des
ressources minières. Les Nigériens l'attendent au tournant.
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Areva veut le beurre et l'argent du beurre.c'est pas leur pays après tout.C'est pas leur uranium!
RépondreSupprimerQuand même!